"Parfois je dois sortir, sinon je craque" : ces étudiants d'Orléans confinés dans leurs studios

Malgré le mouvement de départ vers les campagnes à l'annonce du confinement, environ 600 étudiants de l'académie Orléans-Tours ont été contraints de rester vivre dans leur studio ou leur chambre étudiante. Des espaces réduits qui rendent le confinement plus compliqué encore qu'à la normale.

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Sur les réseaux sociaux fleurissent des images de confinement à la campagne, près d'une piscine ou en bord de mer... Tous les confinés du campus d'Orléans n'ont malheureusement pas une maison de vacances, et certains étudiants n'ont parfois pas la possibilité de retourner quelques semaines chez leurs parents.

Bien que la plupart des résidences CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) et des petits studios aient été désertés à proximité des campus de la région, certains étudiants n'ont pas le choix : le confinement se fera seul, dans un petit studio ou parfois même une chambre étudiante. Une promiscuité qui peut taper sur les nerfs.

"Parfois, il y a des moments où j’ai juste besoin de sortir, sinon je craque", déplore Landry, confiné dans son 12m2 pour sa première année de DUT informatique à Orléans. Des sorties de 30 minutes, pas toujours justifiées par des achats, mais qui permettent au jeune garçon de continuer sereinement les cours à distance. Pas évident de poursuivre une scolarité normale en plein confinement, surtout lorsque la charge de travail est plus importante qu'à la normale.


Le rythme scolaire est plus soutenu en confinement parce que les profs ont peur qu’on commence à lacher. Ils nous donnent plus de travail personnel. Landry, étudiant en DUT informatique à Orléans

Confiné loin de la famille

Prix du trajet, peur de propager le virus ou de ne plus pouvoir revenir en cours... Toutes ces raisons ont obligé un bon nombre d'étudiants à se confiner dans leur appartement universitaire, loin de leur famille. Certains, à la santé fragile, n'ont pas été épargnés par le confinement. "J'ai des problèmes cardiaques et mon père est chauffeur-routier. Pour ma santé, je ne pouvais donc pas me confiner chez mes parents.", se désole Nouhayla, étudiante en droit à Orléans, confinée dans son studio.

Inquiète, la mère de Nouhayla l'appelle tous les jours. Un contact par téléphone qui ne remplace pas les moments chaleureux en famille.

A l'inverse, certains ont fait le choix de rester confinés dans leur chambre universitaire pour protéger la santé de leurs parents. "J’avais la possibilité de rentrer chez mon père, mais j'ai préféré ne pas prendre le risque de lui créer des soucis de santé, alors j'ai décidé de rester sur le campus", explique Aurélien. Cet étudiant en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) s'est donc confiné dans sa chambre étudiante de 9m2, avec une cuisine partagée toujours utilisée.

Pour certains pourtant, le confinement tout seul était un choix. Landry justifie cette décision par son besoin d'émancipation : "pour ma première année loin de mon foyer, j'avais besoin de prouver à mes parents que j'étais autonome, même en situation de confinement. C'est un vrai challenge ! ". Un choix paisant certains jours, mais qu'il ne regrette pas pour autant.
 
 

Etudiants étrangers et isolés

Autre situation délicate, celle du confinement des étudiants étrangers qui sont plus de 2000 sur le campus d'Orléans. Dès le début du confinement, les résidences universitaires de la région ont commencé à se vider de leurs occupants. Aujourd’hui, la majorité des étudiants contraints de rester enfermés dans leurs chambres du CROUS sont de jeunes étrangers, venus étudier sur le campus d'Orléans pour une année. A l’annonce des mesures de confinement, ces jeunes ont constaté la fermeture des frontières de leur pays. Parfois, ils n'ont tout simplement pas pu rejoindre leurs familles pour des raisons financières.

Wesam est arrivé de Jordanie en septembre dernier. Etudiant en management, le jeune homme se loge dans une chambre CROUS de 9m2, sur le campus d'Orléans. Obligé de rester en France à cause de la fermeture des frontières, il a du mal à gérer l’éloignement avec sa famille.

C’est vraiment dur d’être confiné dans un autre pays. Heureusement qu’on peut quand même contacter la famille par internet sinon on deviendrait fous. Même si c’est mieux que rien, ce n’est pas la même chose que d’être aux côtés de nos proches. Wesam, étudiant jordanien

Par chance, le jeune homme a pu échanger sa chambre contre celle de l'un de ses amis parti se réfugier chez ses parents. Un 20m2 avec salle de bain et cuisine, contrairement à la chambre de Wesam, qui l'obligeait à partager les parties communes avec d'autres résidents en pleine crise sanitaire. Une situation "vraiment gênante", subie par la plupart des étudiants étrangers confinés dans les résidences universitaires françaises.

Difficultés financières

Le confinement est d’autant plus lourd à porter pour ces jeunes étudiants isolés qu’ils sont parfois confrontés à des difficultés financières. Alors que Nouhayla avait l’habitude de faire du babysitting pour payer le loyer de son studio en centre-ville, elle se retrouve désormais sans revenu régulier et s’est vue dans l’obligation de faire appel à l’assistante sociale de l’université. Des contrats étudiants souvent annulés, qui laissent les jeunes salariés sans revenu stable pendant le confinement.

Une période d'autant plus critique au niveau financier que beaucoup de commerces ont baissé le rideau ou sont inaccessibles, rendant l'épreuve du passage à la caisse dans les grandes enseignes encore plus douloureuse pour les étudiants.

Je dois faire attention au niveau financier car j'avais l'habitude de faire mes courses dans des magasins de discount à l'extérieur du centre-ville. Depuis le début du confinement, je ne peux plus faire ce trajet, Landry, confiné dans un 12m2

Transformer le confinement en opportunité

Pas toujours facile de garder le moral lorsqu'on est confiné loin de sa famille et dans un tout petit espace. Seul point positif des chambres étudiantes en période de confinement : la localisation du campus. Situées à Orléans- la Source, au beau milieu des arbres et grands espaces, les résidences étudiantes permettent aux jeunes restés sur place de sortir quelques instants sans risquer la contamination.

Wasem profite de cet espace pour se vider la tête en plein air : "Chaque jour, je pars marcher un peu. Sur le campus, on a la nature, le lac... on peut prendre l’air sans être en contact avec d'autres étudiants".

Une localisation qui permet aussi à Aurélien de garder la forme en s'entrainant quotidiennement sur un parking désert.

Certains étudiants voient également ce confinement comme une opportunité de rester plus attentifs et concentrés durant les cours (à distance). Landry constate en effet qu'il assimile mieux les notions depuis qu'il travaille de chez lui. "Lorsque les profs nous appellent, on entend bien mieux leur voix que dans un amphi. C'est aussi plus facile de poser des questions grâce au tchat, et de se concentrer lorsqu'on est seul."

Le jeune homme constate aussi que les cours à distance lui permettent de se dégager du temps pour travailler sur ses projets personnels, notamment sur le concours de création d'entreprise étudiante Créacampus, pour lequel il se creuse la tête depuis le début de l'année.

De son côté, Nouhayla profite de ce temps seule et loin de sa famille pour dépenser son énergie dans le tri et le ménage dans son studio, et pour se concentrer sur ses activités bénévoles auprès d'une association d'étudiants étrangers.
 
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